Avec l’année 2013 qui débute, les contribuables québécois sont maintenant soumis à la nouvelle « contribution-santé progressive » du nouveau gouvernement péquiste, remplaçant la « contribution-santé » de l’ancien gouvernement libéral. J’en profite alors pour revenir sur le sujet.
Il n’y a pas de doutes que la contribution-santé, telle qu’elle existait jusqu’en 2012, était une taxe régressive. En effet, le montant à payer était le même pour tous les contribuables, indépendamment de leur revenu (sauf ceux ayant un très faible revenu, qui en étaient exemptés). Assumer une taxe de 200$ lorsque l’on a un revenu de 20 000$ n’est pas la même chose qu’assumer une taxe de 200$ lorsque l’on a un revenu de 200 000$. Cela a été dit et redit.
Après une réflexion plutôt tortueuse sur la place publique, le nouveau gouvernement du Parti Québécois a choisi de conserver cette contribution-santé et de la rendre progressive.
Mais l’est-elle vraiment devenue?
Avant d’aller plus loin, quelques définitions :
- Une taxe est dite
progressive si le taux moyen de la taxe augmente lorsque le revenu augmente. Ou dit autrement, si la taxe, en pourcentage du revenu, augmente à mesure que le revenu augmente;
- Une taxe est dite
régressive si le taux moyen décroît lorsque le revenu augmente. C’est-à-dire si la taxe, en pourcentage du revenu, diminue à mesure que le revenu augmente;
- Et une taxe est dite
neutre si le taux moyen de la taxe est le même peu importe le revenu.
Le terme régressif ne comporte pas de jugement de valeur; on utilise parfois le terme dégressif.
Graphiquement, voici ce que ça donne.
Ainsi, lorsque l’on regarde sous cet angle la contribution-santé 2012, dont le montant était de 200$ pour presque tous les contribuables, on voit qu’il s’agit clairement d’une taxe régressive:
Mais la contribution-santé 2013, que le nouveau gouvernement qualifie de progressive, l'est-elle vraiment? D’une part, il est vrai que les contribuables les plus riches paieront plus, en dollars, que ceux de la classe moyenne.
Mais cela ne suffit pas à rendre une taxe progressive; ce qui compte vraiment, c'est le poids de cette taxe en proportion du revenu. Et sous cet angle, cette nouvelle contribution-santé est parfois progressive, parfois régressive. En fait, sauf entre quelques fourchettes de revenus (entre 18K et 20K, entre 40K et 42K et entre 130K et 150K) où la contribution-santé a un caractère progressif, cette dernière est généralement régressive.
On a simplement modifié le problème. En 2012, on disait que ça n’avait pas de sens qu’un contribuable avec un revenu de 20K paie le même montant qu’un contribuable avec un revenu de 200K. Et c’était vrai. Mais ça n’a pas plus de sens, en 2013, qu’un contribuable avec un revenu de 50K paie le même montant qu’un contribuable avec un revenu de 130K. Comme ça n’a pas de sens qu’un contribuable avec un revenu de 150K paie le même montant qu’un contribuable avec un revenu de 500K.
Seule une augmentation constante et continue de la contribution-santé, plutôt que par palier, aurait permis une taxation vraiment progressive. Disons que les modifications apportées par le gouvernement péquiste représentent un pas dans la bonne direction, mais ne vont peut-être pas assez loin pour être qualifiées de progressives.
Ma solution, si cela vous intéresse?
Au lieu d’avoir complexifié davantage notre régime fiscal pour créer un impôt progressif/régressif, pourquoi ne pas simplement avoir intégré la contribution-santé au régime d’impôt sur le revenu des particuliers, qui lui est clairement progressif? Pour ceux qui mettent en doute la progressivité de l'impôt sur le revenu au Québec, voici les taux marginal et moyen de ce dernier, selon le revenu imposable:
Avec la contribution-santé version 2013, on cherche à amasser 693 millions de dollars. Il aurait suffit d'augmenter très légèrement (d'en moyenne 0,6 point de pourcentage) les taux d'imposition sur les particuliers pour aller chercher ces mêmes 693 millions de dollars. La progressivité en plus! D'ailleurs, à vous d'en juger. Voici les montants, en proportion du revenu imposable, à aller chercher pour obtenir ces 693 millions en 2013, soit via un impôt sur le revenu majoré ou via la contribution-santé progressive/régressive:
Et voici les montants, en dollars, qu'impliquent ces deux méthodes:
À vous d'en juger.