vendredi 12 octobre 2012

Qui a profité des baisses d'impôt 1

À plusieurs reprises au cours des dernières semaines, je me suis retrouvé face à face avec ce tableau. Une compilation de La Presse Affaires, selon la source.



Pour plusieurs ayant partagé ce tableau, le message semblait être quelque chose comme : les riches ont déjà payé plus d’impôt, et ils n’ont pas quitté le Québec pour autant. Ou encore qu'ils ont été les premiers bénéficiaires des baisses d’impôt des dernières années (après tout, on voit clairement que le montant de la baisse est plus important pour les hauts revenus).

Pourtant, il serait facile d’objecter que : l’époque où les riches payaient plus d’impôt était une époque où tout le monde payait plus d’impôt, et que la baisse de celui-ci, entre 2000 et 2010, a d’abord profité aux faibles revenus.

Il faut sortir une calculatrice mais en effet, on voit que l’impôt pour un contribuable dont le revenu imposable était de 20 000 $ a diminué de 47%. Tandis que celui pour un contribuable dont le revenu imposable était de 1 000 000 $ a diminué de « seulement » 8,8%. Ici, comme pour ce qui suit, je ne fais référence qu'aux chiffres relatifs à l'impôt provincial du Québec (la partie droite du tableau).

Ou sous un autre angle, la baisse de l’impôt en proportion du revenu imposable représentait 4,9% pour ceux ayant un revenu imposable de 20 000 $ tandis qu’elle représentait moins de 2,3% pour tous ceux ayant un revenu imposable de 1 000 000 $ et plus.

Ainsi, en 2010, après la baisse donc, le contribuable dont le revenu imposable était de 20 000 $ payait 5,5% en impôt provincial, celui dont le revenu imposable était de 100 000 $ en payait 17,3%, et celui dont le revenu imposable était de 1 000 000 $ en payait 23,3%.

Mais le problème, c’est que les chiffres dans ce tableau, et donc les constats qui en découlent (incluant tout ce qui précède), ne veulent rien dire.

Il y a d’abord cette idée de bêtement comparer un revenu en 2000 avec le même revenu en 2010. Entre 2000 et 2010, les prix ont augmenté de 19,8% au Québec. Par ailleurs, le revenu total des ménages québécois, durant cette même période, a augmenté de 30,2%.

Mais pour moi, le plus gros problème est que ce tableau fait référence non pas à ce que les choses ont été, mais plutôt à une grossière approximation de ce que les choses auraient pu être dans un monde sans crédits d’impôt (crédits pour les cotisations obligatoires, pour les frais de scolarité, pour personne à charge, pour frais de garde, pour les soins médicaux, etc.)

Qu’à cela ne tienne, en regardant ce tableau, en voyant que les montants de la baisse d’impôt n’étaient pas proportionnels aux revenus, je me suis demandé si, malgré l’apparence d’une baisse d’impôt ayant surtout profité aux riches, ceux-ci ne contribuaient pas plus aujourd’hui que 10 ans plus tôt.

Personnellement, je ne m'attendrais pas aux résultats, que je vais exposer dans mon prochain billet. Résultats qui seront basés sur les vrais chiffres, c’est-à-dire ceux des Statistiques fiscales des particuliers de Revenu Québec.




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