Par exemple, la dernière récession. Si il est vrai qu'aux États-Unis, cette récession était la pire des quarante dernières années, ce n'est absolument pas le cas au Canada. En fait, selon différents critères, c'est la récession la plus douce que nous ayons eu depuis les quarante dernières années.
En passant, on qualifie généralement une récession comme une phase de deux trimestres consécutifs de baisse absolue du PIB. Bien que simple et utile, ce critère est simpliste, voire déficient. Notamment parce qu'un fin de récession n'implique pas nécessairement une croissance économique: une fois la récession officiellement terminée, à quelle genre de reprise faisons-nous face?
Voici l'impact des dernières récessions sur le PIB au Canada. Le point de départ pour chacune des courbes est le somment avant la chute. Par exemple, pour la récession de 1981-82, le point de départ, qui vaut 100, est le premier trimestre de 1981.
On voit donc que la chute lors la récession de 2008-09 a été plus rapide que lors des précédentes récessions. Le retour à la croissance (sur le graphique, là où la courbe verte retrouve une pente positive) a eu lieu après seulement trois trimestres et c'est après huit trimestres que nous avons retrouvé notre niveau de richesse collective d'avant la récession (sur le graphique, là où la courbe verte repasse par-dessus la ligne "100").
La récession de 1981-82 a été plus profonde mais la remontée plus rapide que la récession de 1990-91, où la chute a été plus "superficielle" mais suivi d'une remontée longue et pénible. En effet, ce n'est qu'après 14 trimestres (trois ans et demi) que nous avons retrouvé notre niveau de PIB d'avant la récession. Trois ans et demi de perdu.
Maintenant, pour les États-Unis, qu'est-ce que ça dit:
Premièrement, on constate que la récession de 1990-91 a été peu profonde et relativement courte. Ensuite, la récession de 1980-82 en a été une en "W", soit une récession en deux coups (avec une rechute). Mais ce qui frappe dans ce graphique, c'est l'amplitude de la récession de 2007-09. Tout d'abord, la chute n'a pas été immédiate mais lorsqu'elle s'est concrétisée, elle a été plutôt violente. Et la reprise: constante, mais longue. Ce n'est qu'après seize trimestres (4 ans!) que le pays a retrouvé son niveau de richesse collective de la fin 2007.
Maintenant, le PIB n'est pas le seul critère possible. On peut aussi regarder l'impact des récessions et des reprises subséquentes sous l'angle de l'emploi. Voici donc l'évolution de l'emploi au Canada lors des dernières récessions.
L'analyse est à peu près la même que celle relative au PIB. En 1981-82, une chute violente suivie d'une reprise relativement vigoureuse. Un peu plus de trois ans de perdu. En 1990-91, chute plus superficielle mais plus longue et une reprise anémique. Environ quatre ans et demi de perdu. Et la dernière récession, chute rapide mais pas trop profonde, reprise respectable. Deux ans de perdu.
Maintenant, aux États-Unis:
Je crois que c'est avec ce graphique que l'on peut mesurer l'ampleur de la dernière récession aux États-Unis. Côté emploi, ils n'ont même pas retrouvé leur niveau d'avant la récession. Au rythme actuel, il ne semble pas que cela se produise avant les prochaines années. Et considérant que la population active (la population qui travaille ou qui cherche du travail), elle, poursuit sa croissance, on parlera peut-être d'une décennie perdue, rien de moins.
Bref, rien à voir avec la réalité canadienne.