Au cours des derniers jours, j’ai parlé du
partage de la richesse, de nos revenus, de ce que le gouvernement donne et
prend. Afin de compléter sur ce thème, je ne peux pas passer par dessus
l’évolution des revenus au cours des dernières décennies (et aussi parce que
des questions m’ont été posées sur le sujet).
Alors, comment les revenus des familles
évoluent-ils? La perception la plus largement répandue semble être que
les revenus ne suivent pas le coût de la vie. Or, cette perception est
contredite par les chiffres… ou presque :
Entre 1980 et 2010, les revenus après impôt ont
augmenté pour tout le monde, sauf le cœur de la classe moyenne (le troisième
quintile) qui a vu son revenu diminuer de 3%. Sinon, les riches (quintile
supérieur) s’en sont bien tirés, avec une hausse de 18%. Les pauvres (quintile
inférieur) aussi, avec une hausse de 10%. À l’échelle de l’ensemble des unités familiales, la hausse a été de 8% sur 30 ans.
Détail important: les calculs sont basés sur des dollars
constants de 2010. Donc, la hausse de prix est déjà prise en compte dans ces variations; toutes
les variations dues à l'inflation sont éliminées. Ou en d’autres mots, il
s’agit d’une hausse de 8% en plus de l’augmentation des prix.
Maintenant, entre 1980 et 2010, la tendance
n’est pas constante. En fait, un revirement majeur a eu lieu en 1997 (encore!).
Voici un autre graphique, qui montre la variation du revenu après impôt
entre 1980 et 1997, puis entre 1997 et 2010.
Ainsi, entre 1980 et 1997 (en bleu), tout le monde est
perdant. D’une perte de 21% pour le troisième quintile à une perte de 11% pour
les pauvres à une perte de 9% pour les riches.
Et entre 1997 et 2010 (en rouge), tout le monde est
gagnant. D’une hausse de 21% pour le quatrième quintile à une hausse de 23%
pour les pauvres et une hausse de 29% pour les riches.
L’un dans l’autre (en vert), ça donne le premier
graphique.
Reste que cette idée que depuis 1997, les
revenus après impôt ont augmenté de plus de 20% pour tous, demeure contre-intuitive.
Si vous voulez mon avis sur le sujet, le voici :
les prix ont augmenté, les salaires encore plus. Mais il y a quelque chose qui
a augmenté encore plus que les prix et les salaires: les besoins. Et ça nous ramène au consumérisme. Si certains (nouveaux) besoins sont plus que justifiés, d’autres
peuvent être jugés superflus. Par exemple, un ordinateur et l’internet haute
vitesse qui vient avec, en 2012, ce n’est pas un luxe. D’autres de ces (nouveaux) besoins sont peut-être plus discutables : iPod et/ou iPad, la 2e ou
même 3e voiture (de plus en plus grosse par ailleurs) et la
consommation d’essence qui augmente (en litre) année après année après année…
Un dernier graphique:
Voici l’évolution de nos
revenus (avant et après impôt) par rapport à la moyenne canadienne. En 1980, le
revenu après impôt au Québec représentait 92% du revenu canadien après
impôt. En 2010, cette proportion était descendue
à 85%.
On observe une diminution quasi-constante
depuis 1980. « Quasi » puisque la tendance à la baisse s’est arrêtée
vers 1999. On a alors assisté à une remontée,
pour voir la baisse reprendre en 2004.
Il s’agit ici du revenu québécois en
proportion du revenu canadien. La baisse n’est pas due au fait que le revenu
a diminué au Québec, mais plutôt due au fait que le revenu a augmenté au Canada
plus rapidement qu’au Québec.
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